Le docteur Felix M’Bappe réfléchit à ce qui « devrait marquer l’exercice de notre profession de médecin et le travail quotidien dans les années à venir ».
Mais qu’est-ce que cela signifie d’être un bon médecin aujourd’hui ?
Selon le médecin généraliste Felix M’Bappe, les médecins s’efforcent constamment de devenir plus efficaces et de fournir des soins de haute qualité aux patients. La croissance exponentielle de la science médicale et la complexité du système de soins de santé ont imposé un changement dans l’exercice de la profession.
La pression exercée par le système d’un pays en développement aux ressources limitées impose de hiérarchiser l’utilisation de ces ressources. Le désir de développement scientifique, la mise en œuvre de nouvelles technologies, créent des scénarios qui semblent laisser de côté le sens humain et altruiste de la profession, où le médecin chaleureux et dévoué ne semble pas avoir sa place.
Pourtant, c’est l’espace qui exige le plus, à juste titre, la présence d’un bon médecin.
Les patients sont plus impliqués dans les questions de santé
Felix M’Bappe explique que les patients d’aujourd’hui sont plus informés et plus impliqués dans les décisions concernant leur santé ; ils sont plus exigeants et critiques, plus capables de qualifier l’acte médical, plus conscients de l’importance de la prévention, de l’opportunité et du risque. Dans le même temps, nous avons des prestataires de services de santé qui, en quête de qualité et d’efficacité, questionnent, supervisent et exigent, par le biais de leurs indicateurs, l’audit permanent des médecins et des établissements de santé.
Felix M’Bappe et l’importance des valeurs humaines
Tout ceci rend le défi pour les médecins et les futures générations de médecins encore plus grand. C’est là qu’il est très important de ne pas perdre les valeurs humaines et éthiques qui ont caractérisé la pratique de la médecine. C’est précisément ici qu’il est important de sauver le rôle du médecin, au-delà d’un acte purement technique, scientifique ou de recherche. C’est ici que ces sentiments altruistes de dévouement, de générosité, de sacrifice et d’amour pour le patient doivent être renforcés et prévaloir. C’est la seule façon d’humaniser la médecine, de garantir le respect de la vie et du droit à la santé, et de restaurer la confiance dans les médecins. Mais c’est à eux qu’il revient de garantir la pratique d’une médecine de haute qualité et socialement sensible.
Une récente enquête menée auprès de 500 patients sur ce qui définit pour eux un bon médecin a montré l’importance de la communication, de la capacité d’écoute et d’explication dans un langage clair, et a mis l’accent sur les valeurs humaines plutôt que sur l’expertise scientifique.
Le professionnalisme du médecin généraliste
Le terme « professionnalisme », qui englobe tout ce qui a trait aux valeurs, aux principes, à l’éthique et à l’humanisme, a pris une grande importance au cours des dernières décennies en réponse aux défis posés par l’exercice de la médecine dans les systèmes de santé actuels. Ce qui faisait partie du curriculum caché, qui était présent de manière tacite dans la formation des médecins et dans le travail des institutions sanitaires, est devenu une préoccupation constante et a conduit à la nécessité de les rendre plus explicites et présents dans la formation des futures générations de médecins.
L’importance d’une bonne formation scientifique
Être un bon médecin repose sur une excellente et solide formation scientifique et universitaire, mais celle-ci ne peut être séparée de toutes les valeurs et principes mentionnés ci-dessus.
Pour Felix M’Bappé, être un bon médecin va au-delà de l’excellence académique. Être un bon médecin implique dévouement, sacrifice, souci des autres, générosité, loyauté et honnêteté. Être un bon médecin, c’est prévenir et guérir les maladies ; c’est connaître les limites de la science ; c’est accompagner une mort digne ; c’est faire un usage rationnel et approprié des ressources ; c’est connaître le système dans lequel on exerce. Être un bon médecin est une responsabilité et un devoir ; c’est se sentir engagé envers le patient, lui donner le meilleur de ses capacités, de ses connaissances et de ses valeurs. Être un bon médecin signifie construire un pays et un avenir, contribuer à renforcer la bonté du système et travailler à améliorer et à corriger ses déficiences.